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Docteur Sleep

Stephen King

Le Livre de poche

  • Conseillé par
    4 octobre 2015

    C'est dans l'alcool que Dan Torrance oublie les fantômes de L'Overlook qui reviennent trop souvent le hanter. Épave humaine, il va de ville en ville, passe d'un boulot à l'autre et, pour acheter une bouteille, fait parfois des choses dont il n'est pas fier. Son errance le mène finalement à Frazier, une ville comme une autre pour prendre un nouveau départ. Pris en charge par le ponte local, il s'inscrit aux Alcooliques Anonymes, trouve un job d'aide-soignant dans une maison de retraite et devient Docteur Sleep, celui qui aide à passer de vie à trépas les résidents dont la dernière heure a sonné. Cette vie tranquille d'honnête citoyen est chamboulé le jour où une adolescente entre en contact. Comme lui, Abra possède le Don, mais un Don beaucoup plus puissant que ses proches, effrayés, l'obligent à maîtriser depuis que, nourrisson dans son berceau, elle a ''vu'' les attentats du 11 septembre. Mais Abra ne peut plus se taire. Elle sait des choses, des choses affreuses et connait ceux qui les commettent. Endossant le rôle de mentor qu'autrefois Dick Halloran avait tenu pour lui, Dan va protéger Abra et l'aider à combattre le ''nœud vrai'', une bande menée par la séduisante Rose Claque qui pour survivre se nourrit du Don.

    Stephen KING a beau être un maître, il faut savoir raison garder et avouer qu'il n'a pas écrit que des chef d'œuvres. Et malheureusement, Docteur Sleep n'est pas un bon livre. Non, ce n'est pas un livre ''terrifiant'' ou ''diabolique'' comme on peut le lire ici ou là. C'est, au mieux, un petit conte fantastique, au pire une histoire sans surprise, à tendance ridicule. Parce que franchement, des méchants appelés le ''nœud vrai'' et qui inhale la ''vapeur'' de ceux qu'ils tuent, on a vu plus effrayant comme concept...Peut-être est-ce la traduction qui ne rend pas hommage à l'écriture du King qui s'est quand même cassé la tête à inventer une espèce de vampires jamais vus jusque là. Quoi qu'il en soit, en français, c'est presque risible. Passé ce détail, l'histoire se déroule tranquillement, lutte entre le Bien et le Mal dont l'issue programmée conduit à un final légèrement grandiloquent et sans surprise.
    Mais il ne faut pas jeter la pierre à l'auteur qui a mis beaucoup de lui-même dans son histoire. Les séances des AA pleines de bons sentiments en sont en bon exemple. Cependant, Dan Torrance, héros cabossé, en tire profit et celui qui semblait souffrir de sa trop grande ressemblance avec son père, prend le chemin du repentir et de la rédemption. Dan, que l'on retrouve d'ailleurs avec plaisir tant il était émouvant dans Shining.
    En conclusion, Docteur Sleep n'est pas le livre du siècle. King peine à faire frémir ou même à tenir en haleine. On a du mal à adhérer à son nœud vrai qui se déplace en camping-car sur les routes américaines comme un groupe de retraités en vadrouille. Ou peut-être faut-il avoir gardé son âme d'enfant pour trembler devant ses effets parfois disproportionnés...
    Décevant.


  • Conseillé par
    26 novembre 2013

    Les mémoires d'outre-tombe !

    Demandez à Stephen King pourquoi il a choisi de retrouver le personnage de Danny et il vous répondra, le plus simplement du monde, " parce que son histoire n'était pas terminée ". Débutée en 1977 dans le cultissime " Shining ", immortalisée par l'adaptation de Kubrick et l'interprétation hallucinée de Jack Nicholson, cette histoire, terrible s'il en est, aurait pu s'achever dans les ruines encore fumantes de l'hôtel Overlook, si son créateur n'avait lui- même été hanté par la famille Torrance. Travaillé par ses démons et la peur de suivre le même chemin que son père, un écrivain raté, alcoolique notoire, Dan choisit à la mort de sa mère Wendy de s'installer dans une modeste bourgade du New Hampshire où il tente de faire une croix sur l'alcool et choisit de mettre ses pouvoirs au service de patients en fin de vie qui l'ont surnommé " Docteur Sleep ". Cette existence de trentenaire rangé se voit néanmoins bouleversée par Abra Stone, une jeune fille de douze ans dotée d'un shining considérable et persécutée par une horde de vampires qui sillonnent le pays en caravanes et survivent en se nourrissant de l'énergie psychique des enfants qui, comme Abra, possèdent un don. L’improbable duo s’engage alors dans une lutte sans merci, déséquilibrée à bien des égards, et dont l’issue ne peut être que funeste.

    There is something rotten in the (United) State of America. D’Edgar Allan Poe à Stephen King, en passant par Anne Rice et Lovecraft, « le plus grand artisan du récit classique d'horreur du vingtième siècle » pour l’écrivain aux 350 millions d’exemplaires vendus, la littérature américaine a décidément le chic pour créer et mettre en scène les créatures d’outre-tombe les plus efficaces qui soient. Cette tribu de méchants ne déroge pas à la règle : d’autant plus perverse qu’elle possède un petit côté rock’n’roll plutôt sympathique (il suffit, pour s’en convaincre, de parcourir les pages de dialogues entre ses membres), sa cruauté fascine et horrifie, dans les scènes de torture notamment. Si l’on a parfois l’impression que l’auteur a eu du mal à se détacher du best-seller originel, ce nouvel opus nous tient en haleine grâce à des procédés très différents de son illustre prédécesseur. Roman claustrophobe, " Shining " enfermait son lecteur dans un espace confiné et rendu maléfique par ses habitants, morts (ou) vivants, à la manière du " Psychose " d’Hitchcok. Beaucoup plus ouvert, " Docteur Sleep " exploite l’immensité du territoire américain pour engager un contre-la-montre haletant. L’addiction reste néanmoins au cœur du récit : dépendance envers l’alcool pour Danny, envers le shining des enfants pour les vampires, dépendance d’Abra envers Danny puis de Danny envers Abra, qui lui offre une chance de racheter sa vie d’errance et ses erreurs passées. Digne suite, " Docteur Sleep " possède tous les atouts pour fédérer une nouvelle génération de fans.

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